MOBLAND – saison 1

EN DEUX MOTS : Dans la pure lignée des thriller urbains mafieux britannique, MobLand s’inscrit comme une nouveauté solide, bien que familière. Rien d’étonnant à ce que Guy Ritchie réalise son pilote et l’épisode suivant, le cinéaste étant un grand habitué en la matière. Après son The Gentlemen sur Netflix l’année dernière, le réalisateur anglais réitère ainsi l’exercice télévisuel, mais cette fois sur Showtime. (Paramount + chez nous). Et avec un casting d’autant plus prestigieux aujourd’hui.

Tom Hardy se dévoile comme la tête d’affiche de cette production, Harry de Souza, un fixeur à la solde d’une puissante famille mafieuse. L’imposant Britannique se distingue par son intensité brutale et un charisme magnétique, tandis qu’il donne la réplique aux vétérans Pierce Brosnan et Helen Mirren. Deux récents habitués du petit écran après leur passage respectif dans les westerns The Son et 1923. Ceux-ci incarnent la première génération de cette redoutable et influente famille de la pègre locale : les Harrigan.

A la tête du crime organisé, les Harrigan luttent pour conserver le pouvoir au sein d’un syndicat du crime mondial. Quand autant d’argent est en jeu, le danger n’est jamais loin…

À l’écriture, c’est un autre britannique, Ronan Bennett grand habitué du polar urbain, qui écrit l’intégralité des scripts. Au côté de Jez Butterworth, même si celui-ci n’est pas crédité comme showrunner. Quoi qu’il en soit, il s’agit ici d’un beau pédigree niveau narration pour une première saison de 10 épisodes. Dont les durées sont assez variables, puisque la série débute sur un pilote d’une heure pour ensuite dévoiler un rythme de croisière par épisode allant de 40 à 48 minutes.

MobLand est, comme son titre l’indique, une série dont l’univers violent dicte le credo de cette nouvelle production de genre. Mais a-t-elle les atouts pour se démarquer de ses nombreux concurrents ? Pour notre grand plaisir, oui.

London Factory

Cette nouveauté ne brille pourtant pas par son originalité. C’est un fait. Mais fait réellement surprenant, la présence de Guy Ritchie pour donner le la à sa direction de mise en scène se révèle étonnamment anecdotique. C’est bel et bien sous ses aspects narratifs que MobLand se distingue et notamment dans la représentation de son petit monde criminel. En plaçant sa figure centrale au cœur de toutes les problématiques du show, la série en trouve la pierre angulaire idéal.

Pour preuve, cette position de fixeur – un homme de ménage et de confiance – lui confère une vision quasi-omnisciente. Une position qui lui permet également d’échanger avec les différents camps adverses pour un résultat souvent tendu. Sur le papier, ce thriller met en scène des profils plutôt communs à son genre. Allant du patriarche influent, au fils prometteur (Paddy Considine), jusqu’au plus raté (Daniel Betts), sans oublier le petit-fils terrible (Anson Boon).

Plusieurs générations typiques pour un casting qui s’étoffe toutefois par ses profils féminins un peu moins conventionnel. Comme le démontre Helen Mirren dans son rôle de matriarche sans scrupule, ou la belle fille (Lara Pulver) glaciale. (Viennent s’y greffer la fille illégitime ingénieuse (Mandeep Dhillon) ou la femme de main compétente (Jasmine Jobson)).

Ce casting choral révèle bien évidemment son lot de secret, de trahisons, de traumas et grâce à cela MobLand se démarque par sa distribution assez peu empathique. Et finalement assez réaliste, ce qui ne l’empêche pas de révéler des personnages réellement hypnotiques et qui parviennent à nous surprendre sur la durée.

Pérégrinations tranchantes dans monde criminel charmant.

Les Harrigan ne sont donc pas épargnés dans leurs caractérisations respectives, tandis que la série prend le soin de décortiquer la position de Harry, notre tête d’affiche. Ainsi que sa situation familiale. Le showrunner et scénariste à l’intelligence de ne pas codifier le rôle de sa femme, Jan Da Souza (Joanne Froggatt) au simple profil de potiche dans le déni. Notamment concernant le rôle de son mari dans cette organisation. (et même si celle-ci ne cherche pas à en connaître la teneur).

Et puisque la problématique première de MobLand repose sur la possibilité d’une guerre de gang après un meurtre inattendu, l’intrigue va faire évoluer ses différentes forces sur un fil tendu. Le point de vue policier restant ici secondaire. Du moins jusqu’à un certain point, car sa narration révèle quelques surprises en cours de route.

Dans tous les cas, cette première saison est construite plutôt efficacement. Ses premiers épisodes ayant pour dynamique d’étouffer une sale affaire (tout en introduisant ses différents (et principaux) protagonistes), tandis que sa mi-saison dynamite plutôt habilement cet équilibre vacillant. Et ici encore, c’est la narration de MobLand et son sens du suspense posé, mais intense, qui lui permette de se différencier.

Sa deuxième moitié de saison, quant à elle, prend parfois des tournures inattendues et se paye même le luxe d’introduire tardivement de nouveaux personnages. Parmi eux, la très raffinée Janet McTeer est parfaite, même si elle semble composée des profils de femmes de pouvoir qui se ressemblent d’une production à une autre. (Ozark, The Old Man, Gangs of London…). Tout comme Toby Jones à la tête à l’emploi dans son rôle ambigu d’enquêteur à la retraite.

Conclusion

C’est qui est sur c’est que Tom Hardy bouffe l’écran au milieu de tout ça. Attention, la distribution secondaire dispose de quelques beaux atouts comme j’ai pu le mentionner plus tôt (Paddy Considine toujours au top, Pierce Brosnan rarement aussi déluré…), mais l’acteur britannique compose à merveille ce rôle taciturne, loyal et pragmatique. Et surtout il demeure au centre de tout. Mais encore une fois, j’ai tout de même beaucoup apprécié la majorité du casting.

D’autant que cette première saison se révèle plutôt fournie niveau rebondissements. (la tronçonneuse !). Ce qui favorise des pérégrinations difficiles pour ses personnages et multiplie les scènes de tension. Dans sa finalité la saison 1 de MobLand se révèle très introductive, notamment compte tenue de ses différents rebondissements meurtrier. Elle n’en reste pas moins un polar criminel plutôt intense et parfaitement exécuté. Ainsi tous les ingrédients sont la pour une continuité d’autant plus réussie.


Les + :

  • Tom Hardy, charismatique, intense et tentaculaire tête d’affiche qui navigue dans ce vaste réseau criminel.
  • A ses côtés, la distribution secondaire brille de quelques visages prestigieux et de nombreux profils en tout genres.
  • Un Thriller qui se distingue par son sens de l’écriture particulièrement salvateur. Et quelques moments bien sanglants.
  • Un rythme et un montage qui vise l’efficacité et l’intensité.

Les – :

  • Les limites naturelles de son genre criminel et de toutes les caractéristiques qui l’accompagne.
  • Quelques profils codifiés, même si régulièrement bousculés.

MA NOTE : 15/20


Les crédits

CRÉATEUR : Ronan Bennett

AVEC : Tom Hardy, Pierce Brosnan, Paddy Considine, Joanne Froggatt, Lara Pulver, Anson Boon, Jasmine Jobson,

Geoff Bell, Mandeep Dhillon, Daniel Betts, et Helen Mirren, guest star : Jordi Mollà, Janet McTeer, et Toby Jones,

mais aussi : Emily Barber, Luke Mably, Gemma Knight Jones, Emmett J. Scanlan, Lisa Dwan, Nigel Lindsay, Teddie Allen, Alex Jennings, Tommy Flanagan (…)

ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 48mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE(S) : Showtime/Paramount+

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