
EN DEUX MOTS : Sans aucun doute, elle s’est fait attendre. Presque 3 ans ont passé depuis la première saison d’ANDOR, série spin-off de l’excellent film Rogue Ones. Ce retour, tant attendu, de la meilleure série Star Wars (et production de son univers, tout court, à mon sens) conclut ainsi l’ambitieuse aventure qui fait la passerelle avec le film de 2016. Ce délai paraît ironique, et pourtant, la manœuvre n’a rien de futile tant l’exercice s’est avéré grandiose jusqu’alors.
Pour preuve, sa première saison était une surprise de taille, malgré son cahier des charges conséquent. Épique, nuancé, et brillamment narré, cette aventure en 12 épisodes s’inscrivait tout bonnement comme l’aventure Star Wars la plus mature de son vaste univers de Science-fiction.
Scinder en 4 segments de 3 épisodes, ANDOR 2 a donc toujours pour principal fil rouge le destin de Cassian (Diego Luna). Passé de mercenaire à étoile montante de la rébellion, et qui finira par subtiliser les plans de l’Étoile Noire. Mais pas uniquement. Sous la supervision du cinéaste Tony Gilroy, son aventure spatiale a su dévoiler un sens du suspense impressionnant, malgré sa finalité bien connu.
Une réussite que l’on doit notamment a son univers spatial chorale, d’où s’y détacher déjà de passionnant protagonistes de tout bord. Rebelles comme Impériaux. Naturellement, la résolution de cette saison s’annonce d’autant plus tragique et définitive.

Pour nos protagonistes issus d’horizons divers, le moment est venu de renforcer leurs relations dans une période où la guerre se fait de plus en plus imminente et où Cassian devient un élément-moteur au sein de l’Alliance Rebelle. Personne ne sera épargné. Mais à mesure que les enjeux s’intensifient, trahisons, sacrifices et conflits d’intérêts se multiplient…
Le concept de temps dans une galaxie lointaine. Très lointaine.
Si sa première saison disposait, a peu de choses près, d’une forme similaire – 12 épisodes divisés en 4 parties – ANDOR saison 2 accentue son concept de division de manière significative. Via 4 segments séparés par des ellipses d’un an, annoncées promptement à chaque début de nouvelles salves. Une nature audacieuse et d’autant plus ambitieuse, mais qui s’explique toutefois par un remaniement du scénario par son showrunner. (suite au succès modéré de la première saison).
Toutefois, ces ellipses ont l’utilité d’apporter un sens du recul particulièrement percutant vis-à-vis de ses nombreux parcours. Un élément narratif qui ajoute de la densité à son univers et permet d’éviter une certaine part de remplissage. D’autant que chaque salve se concentre sur des événements précis et resserrer, qui mènent tous indirectement à la bataille de Yavin.

4 ou 5 saisons ont donc laisser la place à 2. Mais heureusement, force est de constater que Tony Gilroy s’est surpassé dans son exercice final et délivre une conclusion épique. D’autant que sa production s’entoure encore une fois d’artisans fidèles pour une réalisation cohérente de ses différents segments. (Beau Willimon et Dan Gilroy à l’écriture, Ariel Kleiman ou encore Alonso Ruizpalacios à la réalisation).
Avec des thèmes forts qui abordent notamment la question du sacrifice au nom d’une cause ou d’un idéal, cette série de l’univers Star Wars dispose d’un traitement mature qui la distingue réellement de ses comparses. Et si son rythme s’avère (en partie) sage, cette différence suffit à la rendre meilleure en tout point. Alors préparez-vous à un voyage pragmatique aux confins de la galaxie.
(Science)Fiction mais réaliste.
Ce qu’il y a de beaux dans l’entreprise de Tony Gilroy reste sa directive. Qu’importe les reproches qu’on a pu lui faire auparavant, le showrunner perpétue son aventure sur un tempo identique. C’est-à-dire qui privilégie le dialogue, les tensions, la gravité, les regards intenses et tous les imprévus qui s’ensuivent. Bien sûr, sur ce dernier point, ANDOR n’est pas dénué d’action comme le démontre son impressionnante scène de fuite lors de sa reprise.
Pour autant, la série chérit le réalisme dans tout ses aspects. Son sens de l’aventure et d’action n’en est pas exempt, avec comme preuve à l’appui, le comportement de Cassian lorsqu’il tente de piloter le TIE qu’il subtilise. Ici, la série de Tony Gilroy n’a d’ailleurs pas à rougir du budget vfx qui lui est alloué, tant le résultat est digne de la franchise récente. C’est riche, large et retranscrit toute la largeur de son univers de Science-fiction.

Néanmoins, c’est bel et bien sur un déroulement réaliste et parfois inattendu que la série se poursuit. Et son premier segment de 3 épisodes va rapidement le prouver. Très introductif en premier lieu et globalement statique, ANDOR tire sa force dans le traitement mature de son univers, mais aussi par son montage choral. Son premier segment se divise par exemple en 4 intrigues évoluant en parallèle les unes des autres. Et les suivants suivent globalement un schéma identique.
Le périple de Cassian est d’abord entrecoupé d’un somptueux mariage Chandrilien, de Rebelles en attente de leur prochain mouvement ou d’une réunion top secrète entres Impériaux. Puis les événements s’accélèrent et mènent à la rébellion. Ici, la narration favorise les non-dits et les demi-mots de façon subjective. C’est tout l’intérêt d’une intrigue qui traite de la question de l’espionnage intergalactique, du fascisme et des tragédies. Quelle que soit l’échelle humaine présenter.
Nazi de l’espace et désinformations.
ANDOR peut ainsi très bien aborder les tensions qui mènent à la mutinerie que la vision d’un colonialisme effrayant. Sur ce point, la série présente de manière très pragmatique le joug d’un régime totalitaire qui avale tout autour de lui. Ressources, peuples, jusqu’à la plus simple once de libéralisme pour ces derniers. Le parallèle avec le régime nazi n’a jamais été aussi fort dans l’univers Star Wars et le point de vue de l’ennemi contribue évidemment à cette réussite.

Les retours du couple rigide interprété par une Denise Gough glaciale et un Kyle Soller fils à maman mené à la baguette s’avèrent délectable. Qu’ils s’agissent de leur parcours respectif comme leurs sacrifices moral au sein de ce régime. Évidemment le retour de Ben Mendelsohn, qui reprend son rôle dans les hautes sphères de l’Empire presque 10 ans après, donne de la corrélation à l’ensemble. Tout comme celle de Forest Whitaker en leader rebelle excentrique. On peut juste regretter que la présence des deux grands acteurs demeure un peu restreinte sur l’ensemble.

Quoi qu’il en soit, dans la série, le comportement des Impériaux atteint même une forme de malaise conséquente et inédite avec une tentative de viol. Une première dans cette univers S.F. globalement tout public et qui prouve d’autant plus la maturité dont fait preuve ANDOR. Parallèlement, malgré la violence de ses actes, la série s’absout de violence graphique à l’écran.
Avec un univers de Science-fiction aussi riche à sa disposition, Tony Gilroy et son équipe usent de ses nombreuses possibilités pour en délivrer un aspect toujours plus iconique. Il s’agit parfois de simples détails (comme la vision d’un talk-show sur Coruscant ou celle de journalistes qui diffusent de la désinformation pour changer la narrative), mais cela renforce l’œuvre SF à la fois mature et rétro-futuriste de Star Wars.
La révolution est en marche.
Car pour autant, ses scénaristes s’inspirent énormément de la réalité. Comme le démontre le second segment, intégralement écrit par Beau Willimon, qui présente, entre autres choses, un groupuscule rebelle au langage inédit inspiré de la résistance française. (Et dont la distribution est principalement française…). Et tandis que la rébellion s’élargit et se regroupe, son opposant fasciste lâche la bride pour mieux la serrer ensuite.
Un exemple qui atteint son apogée sur Ghorman, planète théâtre du joug Impérial, lors d’une émeute à l’envergure étourdissante. Assurément l’épisode 8 « Who Are You ? » restera dans les annales. D’autant qu’il dresse symboliquement le portrait de ses artisans anonymes avec la plus grande subtilité, comme l’indique la tirade de son titre. Si elle manque d’action durant ses 6 premiers épisodes, grossièrement, difficile de bouder son plaisir devant cette deuxième saison d’ANDOR. Et notamment car sa partie espionnage demeure absolument délicieuse.

Car c’est au plus près du danger que ses artisans de l’ombre brillent le plus. Comme le démontre le double jeu de Luthen (Stellan Skarsgård), plein de gravité, comme celui de son acolyte (Elizabeth Dulau) dans une scène à la tension ébouriffante. Dans une veine différente, mais qui implique le sacrifice d’une vie privilégié, le parcours de Mon Mothma (Genevieve O’Reilly) s’avère fondateur. D’autant que sa position de porte-parole de la rébellion est précédée d’une scène de fuite savamment exécutée.

Tout nous amène promptement à son dernier segment. Grandiose, crève cœur, surprenant et toujours avec beaucoup de corrélation concernant sa continuité. Pour preuve, tandis que sa fin se profilait, cette seconde saison a ramené, petit-à-petit, des visages familiers de Rogue Ones sur le devant de la scène. De Alan Tudyk (ou du moins, sa voie), Duncan Pow à Alistair Petrie.
Conclusion
Une belle cohérence pour une série spin-off qui aura su faire la différence et apporter quelque chose de plus à son univers. Plusieurs mêmes, puisqu’on peut citer sa maturité, son suspense, son réalisme et les différents profils qui en découlent. Il s’agit bel et bien d’une série importante pour la saga, puisqu’elle pourrait lui permettre de s’enrichir à l’avenir. Du moins, je l’espère de tout cœur.
Les + :
- La mise en œuvre d’une seconde saison d’envergure, parfaitement découpée en 4 segments ambitieux. (comme le démontre la corrélation de ses différents scénaristes et réalisateurs).
- Un format idéal et qui use intelligemment de ses 4 ellipses de temps, sur son récit, comme ses personnages.
- Une distribution chorale large, complète et cohérente. Qui brille par quelques prestations de haute volée et présente des profils d’anonymes aux destins poignants.
- Un traitement réaliste et mature qui amène l’univers Star Wars sur des sentiers inédits. (et d’autant plus obscur que son côté de la force).
- Une partie espionnage savamment exécutée et qui se distingue par son sens du suspense idéal.
- Son point de vue du joug Impérial, plus nazi, pragmatique et effrayant que jamais.
- Sa corrélation final très juste avec Rogue Ones, qui était déjà un film à part de l’univers Star Wars.
Les – :
- Un rythme toujours assez introductif sur chaque début de nouveaux segments.
- Un (vraiment) léger manque d’action.
- Quelques visages qui auraient mérité plus de temps à l’écran.
MA NOTE : 16/20

Les crédits
CRÉATEUR : Tony Gilroy
AVEC : Diego Luna, Genevieve O’Reilly, Stellan Skarsgård, Denise Gough, Adria Arjona, Kyle Soller, Faye Marsay, Anton Lesser,
Elizabeth Dulau, Muhannad Ben Amor, Kathryn Hunter, Duncan Pow, Alistair Petrie, Thierry Godard, Richard Sammel, Varada Sethu,
avec Ben Mendelsohn, et Forest Whitaker, mais aussi : Benjamin Bratt, Ben Miles, Jonjo O’Neill, Richard Dillane, et Alan Tudyk (…)
ÉPISODES : 12 / Durée moyenne : 45mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Disney +