
EN DEUX MOTS : Débutée il y a maintenant 8 ans, la saga dystopique THE HANDMAID’S TALE s’est rapidement imposée comme un petit classique de la télévision. À tort où a raison ? Cette adaptation d’une petite saga littéraire dispose assurément d’un point de départ percutant. Pourtant, et à titre personnel, au grès des saisons la série d’anticipation s’est légèrement faner. Tout comme mon intérêt envers elle. La saga dystopique s’est donc rapidement essoufflée au fil de sa diffusion. Certains diraient, durant ses deux dernières saisons, à mes yeux, dès sa troisième aventure.
Ainsi, malgré la richesse de son postulat, 6 saisons paraissent bien excessive pour son résultat total. De plus, l’attente fut conséquente (2 ans et demi) entre la réalisation de cette ultime saison et la précédente. En étendant cruellement son suspense sur la longueur, via quelques errances agaçantes, la saga s’achève ainsi sur un total de 66 épisodes avec cette nouvelle salve de 10 épisodes. Toutefois, et naturellement, haine et espoir ont transité ici et là, et parfois brillamment.
Sa tête d’affiche – Elisabeth Moss – à contribué à réaliser quelques élans poétiques du show. Et même plus largement en mettant en scène elle-même quelques épisodes. Cette ultime saison n’y fait pas exception, comme le prouvent ses deux premiers épisodes introductifs réalisés par ses soins. Mais aussi les deux derniers. Et si cette dernière aventure est loin d’être parfaite, elle se reconnecte aux deux premières saisons grâce à une ligne directive plus claire.

L’esprit inébranlable et la détermination de June la ramènent dans la lutte pour vaincre Gilead. Luke et Moira rejoignent la résistance, tandis que Serena essaie de réformer Gilead. Le commandant Lawrence et tante Lydia, eux, font face à des épreuves difficiles.
Aussi imagé et fantasmagorique que soit la série par moments, le résultat subit de nouvelles longueurs. Même si, dans sa finalité, les fans les plus assidus devraient être satisfait de sa saison final. Malgré un dernier épisode qui divise.
Vous pourrez retrouver ici les critiques des précédentes saisons :
- SAISON 1
- SAISON 2
- SAISON 3
- SAISON 4
- SAISON 5

Kill the head of Gilead
Malgré ses sempiternelles errances, et ce début de saison en recèle, le contexte politique de The Handmaid’s Tale demeure percutant. Le Canada c’est donc peu à peu détourné des réfugiés pour montrer une indifférence d’autant plus cauchemardesque. Parallèlement, Gilead fait bonne figure et s’ouvre au commerce et redore peu à peu son image à l’international. Un régime fasciste qui en a donc sous le coude et qui se révèle d’un pragmatisme réaliste, aussi effrayant que crédible.
Et c’est précisément sur cet équilibre que cette dernière saison va se reposer. Quitte à, au passage, égratigné la cohérence du comportement des personnages. « Chasser le naturel et il revient au galop« . Oui, cette composante de caractère s’applique bien utilement au personnage central de Serena Joy Waterford (Yvonne Strahovski). Dont le parcours va ainsi la mener face à June (comme s’achevait sa précédente saison) à plusieurs reprises, jusqu’aux contrées de New Bethléem où elle va retenter de faire entendre son inébranlable Foi.

En termes d’enjeux purement dramatiques, cette fable dystopique à toujours beaucoup à offrir. Même si son contexte politique finit par manquer d’ampleur graphique. (malgré un mariage en régime totalitaire ou quelques édifices religieux de taille). Pour autant, cette dernière saison de The Handmaid’s Tale va donc plus largement au but et celui-ci s’avère assez clair : détruire idéologiquement Gilead en coupant des têtes, tandis que ce le régime semble indétrônable.
C’est donc sans surprise que June reprend part au combat et s’infiltre à nouveau en territoire ennemi. À la différence près que les actions de la résistance paraissent autant désorganisées que désespérées dans un premier temps.

Petits récits sous une coupe totalitaire.
Pour ma part, et malgré son ode à l’espoir après des années de souffrances, les pérégrinations de June manquent cruellement d’ampleur. Cela dit, la directive intimiste du show à toujours été dans ce sens et ce baroud d’honneur n’y fait pas exception.
Si on peut donc regretter un certain manque d’action et souvent de largeur (la série reste à hauteur d’homme) son ultime symbolique, en fin de saison, apporte une certaine cohérence au sein de la saga avec l’utilisation des Servantes. La femme instrument malmené, séquestré et violé depuis la genèse de la saga et qui va représenter l’émancipation ultime a l’écran.
Parallèlement, les parents que sont June et Luke (O.T Fagbenle) espère toujours retrouver leur fille Hannah, transformer en future épouse du régime totalitaire. C’était le fil rouge de la motivation majeure de nos héros depuis le pilote et la série semble éludé la question même si son final en fait largement mention.

Il y a certes une certaine cohérence dans l’incapacité de retrouver Hannah au sein du régime, mais avec toutes les pérégrinations passé ce choix étonne. Et déçoit fatalement. D’autant qu’on ne peut tout de même pas nier que le parcours des personnages c’est trop largement étendu au cours des saisons. Ce constat s’applique à une bonne partie de son casting récurrent, comme les fidèles Luke et Moira (Samira Wiley), au sein de la résistance.

Sauf que c’est également le cas de tous ses destins secondaires présent depuis la première saison. De Janine (Madeline Brewer) coincée dans sa maison close et sous le joug d’un nouvel oppresseur (Timothy Simons)…

…à Rita (Amanda Brugel) en territoire ennemi pour retrouver sa sœur…

…jusqu’à la Tante Lydia (Ann Dowd), si imposante par le passé et qui ne semble plus qu’être l’ombre d’elle-même à présent.

Tout ses personnages convergent vers un destin assez peu surprenant et une rédemption somme toute logique. À défaut de nous chambouler.
Petits récits au sein d’un régime totalitaire.
On peut néanmoins se reposer sur quelques personnages habilement écrits et joués. Sans surprise, deux profils au sein de Gilead, à l’instar de Nick (Max Minghella) et du (Haut) Commandant Lawrence (Bradley Whitford). Et tout simplement, parce qu’il s’agit de deux personnages pris entre deux feux, même si, au grès des saisons, la série à réduit l’ambiguïté les entourant.

Naturellement, la disparition de l’un comme de l’autre, au terme d’une explosion symbolique (celui de l’ultime maillon de Gilead) est un des rares dénouement meurtriers qui asticotent nos sens. C’est pour cela qu’il est presque dommageable que l’intrigue est doucement évincé Nick afin de mettre fin a son triangle amoureux avec June à sa pointe. Minimisant par la même occasion sa mort, contrairement au sacrifice de Lawrence, parfaitement imagé.

Quoi qu’il en soit, le fonctionnement de Gilead demeure assurément l’un des points névralgiques de The Handmaid’s Tale. Et cette dernière saison fait appel à un guest de choix pour en livrer l’un des visages les plus emblématiques.
Josh Charles incarne ainsi le Haut Commandant Wharton, beau père du tiraillé Nick et veuf influent qui va s’amouracher de Serena pour un mariage aussi soudain que révélateur. Son arrivée tardive dans la saga est avant tout l’occasion d’illustrer le dernier combat d’une Serena toujours aussi nuancé. À la fois détestable et combative, mais dont les idées progressistes ne lui permettent pas une totale émancipation au sein du régime.

C’est donc sous le joug d’un nouveau mariage désenchanté que la veuve finira par basculer dans la rébellion. Qui, grâce à la divulgation d’une information capitale, mettra fin à ce régime oppresseur. La dernière victoire d’un profil féminin dans l’intrigue.
Conclusion
Tous ses événements nous font converger jusqu’à sa conclusion de presque 2 heures. En deux temps. Son avant-dernier épisode, explosif et qui devrait contenter le public, puis un épisode final que reprend le titre de la série et divise par la platitude de ses événements. Y réside un hommage global à la série et surtout une amertume d’après-bataille assez logique.
Mais c’est bel et bien l’absence d’un certain nombre d’éléments de l’intrigue qui risque de décevoir. Chose qui s’explique avec le spin-off à venir – The Testament – qui sera justement centrée sur Hannah (ainsi que Tante Lydia) et qui s’inscrivera donc comme une suite. Demeure son hommage dans ses derniers instants à l’ouvrage et à l’auteure Margaret Atwood, avec le début de témoignage de June/Defred. Un témoignage qui a du sens dans ce combat d’une vie pour la liberté et l’émancipation.

Dans tout ça, la ligne de suspense de ce thriller dramatique pâtit tout de même de longueurs indéniable. Pour une dernière saison de 10 épisodes (quand bien même aux durées allant de 40 minutes (majoritairement) à 1 heure), on peut regretter ses énièmes errances qui feront donc partie des principaux défauts de cette adaptation dystopique. Personnellement ce rythme a eu raison de mon empathie dans le parcours des différents personnages. Pour une grande partie d’entre eux.
Cette saison finale conjugue typiquement toutes les grandes caractéristiques de la saga. De la richesse de son scénario politique, ses symboliques féministes jusqu’à la vision intimiste de destins malmené : pour le meilleur. Tandis que son rythme, ses rafistolages scénaristiques ou son suspense étiré contribuent à ce rendez-vous manqué qu’est celle de la fin d’une saga iconique.
Les + :
- Une cohérence dans la mise en œuvre de sa production, comme le prouve l’implication de sa tête d’affiche Elizabeth Moss.
- Une intrigue qui va davantage à l’essentiel et à la portée politique encore très juste.
- Une ultime aventure qui rend hommage a ses profils féminins (à défaut de surprendre).
- L’émancipation symbolique de ses Servantes Écarlates.
- Ses deux personnages nuancés au sein de Gilead : Nick et Lawrence. Qui finissent par trouvés l’absolution dans une explosion symbolique (elle aussi).
- Malgré ses errances, la durée des épisodes ne s’étirent que rarement sur la longueur.
Les – :
- Quelques effets de mise en scène un peu trop tape à l’oeil, et finalement assez vain.
- Malgré une ligne directive plus directe, cette ultime odyssée féministe est traverser de nombreuses longueurs dans son déroulement.
- Malgré son contexte politique très riche, cette ultime odyssée féministe manque d’ampleur sur la longueur en restreignant ses points de vues.
- De nombreux parcours étirés, parfois raffistolés, et dont le dénouement demeure convenue.
- Un final globalement décevant.
MA NOTE : 14/20

Les crédits
CRÉATEUR : Bruce Miller
AVEC : Elizabeth Moss, O.T Fagbenle, Yvonne Strahovski, Samira Wiley, Max Minghella, Madeline Brewer, Amanda Brugel, Sam Jeager,
avec Ann Dowd, et Bradley Whitford, spécial guest star : Josh Charles, mais aussi : Ever Carradine, Timothy Simons, D’Arcy Carden (…)
ÉPISODES : 10 / Durée moyenne : 45mn / DIFFUSION : 2025 / CHAÎNE : Hulu