
EN DEUX MOTS : Avant son ultime saison, la saga LOST entame la dernière ligne de son histoire en embrassant pour la première fois pleinement le genre de la Science-fiction. Toujours étroitement liée à ses mystères mystiques et fantastiques, son intrigue éclaire néanmoins concrètement sa mythologie en nous plongeant dans le passé de l’île. Un retour dans le passé qui fait office de présent pour nos Disparus pour une dynamique qui débute en deux temps.
Six rescapés, parmi lesquels Kate et Sun, ont réussi à fuir l’île et à regagner les Etats-Unis. Mais Locke a perdu la vie dans l’opération de rapatriement des «Six du vol Oceanic» et, pour le ressusciter, il faudrait le ramener sur l’île.
Avec les 17 épisodes qui composent cette avant-dernière aventure, cette saison prend tout de même le temps de s’épancher sur le retour des rescapés sur l’île. Un retour qui joue toujours sur une (petite) ligne de suspense puisqu’il survient assez vite dans la saison, mais convoque quelques mystères après coup. Malgré tout, la dynamique de cette cinquième saison repose sur un montage inédit qui s’absout de ses éternels flash-back ou flash-forward. Du moins en partie, et de façon plus théorique, si on la compare aux saisons précédentes.
En effet, si les retours en arrière sont encore légion aujourd’hui, la saison 5 de LOST multiplie les twists grâce à son outil narratif S.F. inédit : les voyages dans le temps. En s’achevant sur un cliffhanger de taille : le déplacement de l’île, la série prend un virage serré avant sa conclusion. Ce mouvement d’espace-temps recèle ainsi de richesses narratives, comme de lacunes d’exécution. Notamment dans son rythme. Pour preuve, malgré sa mythologie largement mis en valeur, la série perd en intensité avant son final.
Toujours est-il qu’au moment d’entamer cette saison, LOST continue son aventure, là ou tout s’était arrêté. Sauf que cette fois, une ellipse de trois ans sépare nos deux lignes d’intrigues. D’un côté, la célèbre île, ou nos derniers Disparus subissent les conséquences du déplacement, et de l’autre, les six de l’Oceanic, à Los Angeles.
Aller-retour
Ainsi, sur un rythme d’intrigue plus linéaire, même s’il ne se déroule pas sur le même espace-temps, la cinquième saison de LOST débute en s’attardant sur les conséquences de ce que nous apprenions durant la saison précédente. Un aspect qu’a toujours abordé la saga, mais qui, à l’approche de sa conclusion, révèle quelques lacunes. Avec ses sauts dans le temps d’abord, qui éclairent quelques aspects du passé, mais laissent place à quelques incohérences vis-à-vis des différents caractères rencontrés. Et ensuite dans sa partie urbaine, à Los Angeles, qui piétine péniblement jusqu’à leurs départs.
À partir de là, cette saison additionne les épisodes plus consistants, et ce, jusqu’à sa mi-saison. Avec l’élément cosmique servant de porte d’entrée aux « Oceanic 6 », la vie et la mort de Jeremy Bentham (Terry O’Quinn) ou la nouvelle vie des Disparus dans l’initiative Dharma. L’intrigue compartimente et relie ainsi ses aspects Fantastique S.F entre eux. Sa continuité le fait également, notamment dans son intrigue regroupée en 1977, mais avec moins d’efficacité sur la longueur.

En reconnectant le présent des Disparus avec le passé de l’initiative Dharma, l’intrigue perd en suspense et multiplie les rafistolages scénaristiques. S’il ne possède pas de grosses incohérences a proprement dit, cet élément d’intrigue accuse de certaines facilités. C’est avant tout l’occasion pour la saga de pleinement éclairer le passé de son univers et de reconnecter les motivations de ses personnages tiers avec Disparus. Avec plus ou moins de succès.
Par exemple, Ben Linus (Michael Emerson) et Charles Widmore (Alan Dale) pour ne citer qu’eux. En revanche, dans sa pure dynamique d’action, ce parti-pris S.F. est encore temporisé par son remplissage d’intrigue. Même si celui-ci vise continuellement à mettre en avant le combat intérieur de nos différents héros.
Ceux qui restent. (Part 2)
Parmi les nombreux thèmes au cœur de LOST, la dualité et les doutes qui animent les personnages demeurent centrales. Si les flash-back (et même flash-forward) mettaient directement en image ses difficultés et ses vecteurs dramatiques, cette saison privilégie les actes et les changements de caractères pour mieux les imagés. Elle le fait toutefois par la force des choses et le résultat s’avère être en demi-teinte.
De plus, l’intrigue semble user de ses personnages de manière plus aléatoire. Notamment en termes d’efficacité, comme le démontrent Hurley (Jorge Garcia), Sayid (Naveen Andrews), ou même Kate (Evangeline Lilly).
La caractérisation de Jack (Matthew Fox), dont la motivation et la Foi sont confrontées davantage à l’éternel gentil bad-boy Sawyer (Josh Holloway) aujourd’hui, est également un exemple d’une narration moins percutante. Notamment, après que Locke soit devenu une figure quasi-mystique du récit. L’éternel escroc s’inscrit, quant à lui, comme un chouchou pour les fans et l’intrigue le lui rend bien. Si le fossé (3 ans) qui sépare nos survivants est habilement exploité (comme le prouve la romance entre Sawyer et Juliet (Elizabeth Mitchell)), tous les personnages n’ont pas cette chance.
C’est par exemple le cas avec les derniers crédités. Rapidement sacrifié, comme Charlotte (Rebecca Mader) ou mis de côté trop longtemps, à l’instar de Daniel Faraday (Jeremy Davies). Même la présence de l’excellente anomalie que représente Desmond (Henry Ian Cusick), ne sera que trop éphémère durant cette saison. On peut toutefois apprécier le cheminement des Kwon, de la survie de Jin (Daniel Dae Kim) à la part plus sombre de Sun (Yunjin Kim). Jusqu’à l’implication plus récurrente de Miles (Ken Leung) dans l’intrigue.

Conclusion
Ainsi, avec 17 épisodes, cette saison 5 perpétue son rythme et son aventure, sous forme de montagne russe. À contrario que cette fois, celle-ci manque de grands moments d’intensité et d’émotions pour pleinement convaincre. Et pourtant, encore une fois, cette nouvelle salve d’épisodes recèle de moments fantastiques qui éclairent son univers.
Seulement, qu’ils s’agissent du jugement de Ben, la résurrection de Locke, ou le mystère qui entoure Richard (Nestor Carbonell), les dessins mystiques de LOST demeurent encore trop mystérieux. Sa fin de saison nous amène sur un revirement de Science-fiction conséquent qui redéfinit les règles du déroulement de son univers. Et qui plus est, à l’intelligence de se focaliser sur « le facteur humain » contre un pur destin cosmique. Cela mènera néanmoins à une dernière saison contrastée et contestée.
Quoi qu’il en soit, son nouveau double final « The Incident » nous permet (enfin) de mettre un visage sur le personnage mystique de Jacob (Mark Pellegrino). De quoi faire d’autant plus le lien avec les différents Disparus. Si le plan d’ensemble demeure brumeux, on appréciera la dualité éternelle qui anime le mystérieux homme en noir (Titus Welliver) et place, pour sa saison final, Locke comme antagoniste ultime.
Pour le reste, cette saison s’achève sur une dynamique d’action un brin éculée, mais qui brille par la poignante chute de Juliet sous les yeux de Sawyer. Dans tous les cas, LOST a seulement et enfin concrètement commencer à dévoiler ses plus grands secrets avant son ultime saison de 17 épisodes également. Pour un résultat dans la lignée mystique de ce à quoi elle nous a habitué, mais qui risque de diviser.
Les + :
- Une saison qui fait la part belle au passé de son univers, grâce à ses voyages dans le temps.
- Sa solide avant et mi-saison, qui combine entre son 5e et 8e épisodes, les atouts de cette saison.
- Une division nette entre nos survivants. Notamment grâce à l’ellipse temporelle et la nouvelle vie des Disparus dans l’initiative Dharma.
- Quelques beaux parcours pour nos personnages. Principalement ceux bloqués en 1977, comme le témoigne le cheminement de Lafleur/Sawyer.
- Un large univers à la représentation imparfaite, mais très cohérente dans sa large distribution. Notamment secondaire.
- La mort de John Locke et la surprise sur son réincarnation.
- La chute de Juliet dans les derniers instants.
Les – :
- Une dynamique de saison plus linéaire. Comme le prouvent ses plus rares flash-back explicatifs et moins percutants émotionnellement.
- Une globalité de bons épisodes, mais qui manquent de moments transcendants. Notamment à ce niveau de la saga.
- Ses caractéristiques de Science-fiction qui relient intelligemment son univers, mais révèlent parfois quelques incohérences ou autres facilités scénaristiques.
- Plus que jamais, cette saison laisse de côté quelques personnages récurrents. Où révèlent des cheminements parfois hasardeux à leurs égards.
- Un univers mystique prometteur, mais qui traîne méchamment en longueur et faiblit en intensité.
- Quelques décors de studio un peu ringard.
MA NOTE : 15/20

Les crédits
CRÉATEURS : Damon Lindelof, J.J. Abrams & Jeffrey Lieber
AVEC : Matthew Fox…, Evangeline Lilly…, Josh Holloway, Michael Emerson, Terry O’Quinn, Naveen Andrews, Jorge Garcia,
Yunjin Kim, Daniel Dae Kim, Ken Leung, Henry Ian Cusick, Jeremy Davies, Rebecca Mader, Jeff Fahey, et Elizabeth Mitchell,
mais aussi : Fionnula Flanagan, Nestor Carbonell, Sonya Walger, Zuleikha Robinson, Brad William Henke, Alan Dale,
L. Scott Caldwell, Sam Anderson, Patrick Fischler, Doug Hutchison, François Chau, Eric Lange, Jon Gries,
Alice Evans, Saïd Taghmaoui, Kim Dickens, Sterling Beaumon, avec Mark Pellegrino, Titus Welliver, et John Terry (…)
ÉPISODES : 17 / Durée moyenne : 42mn / DIFFUSION : 2009 / CHAÎNE : ABC