IN THE SUMMERS (Festival de Deauville 2024)

Grand Prix & Prix de la fondation Louis Roederer (jury de la Révélation)

EN DEUX MOTS : à l’aube du dernier jour de la compétition, les jurys ont finalement craqué pour IN THE SUMMERS. Ce fut mon dernier film visionné lors du festival. Mon 9ème de la compétition sur les 14 présentés. Dans ce drame semi-autobiographique, le premier film pour Alessandra Lacorazza Samudio, la réalisatrice écrit et met en scène un long-métrage personnel à la fois beau et nostalgique. Mais aussi déchirant, en s’attardant sur des relations familiales amères.


Vio­le­ta et Eva rendent visite chaque été à leur père Vicente, à la fois aimant et témé­raire. Il crée un monde mer­veilleux mais, der­rière la façade enjouée, lutte contre l’addiction qui érode pro­gres­si­ve­ment la magie. Vicente essaie de répa­rer les erreurs du pas­sé, mais les plaies ne sont pas faciles à refermer…

Divisés en quatre parties, ce drame se focalise ainsi sur la relation de deux filles, qui, chaque été, rendent visite à leur père Vicente (René Pérez Joglar). Si je suis particulièrement friand des récits qui se déroulent sur la durée, IN THE SUMMERS a, en plus, l’atout de convoqué les moments charniers de cette famille dans la plus grande simplicité. Des moments de joies, d’amertume et de douleurs pour une filiation assez juste et complète, malgré sa courte durée de 95 minutes.

Dans le cadre du 50ème festival du cinéma américain de Deauville, retour sur quelques films que j'ai eu l'occasion de voir durant l'événement. Cette fois, le dimanche 15 septembre 2024, à savoir le dernier jour du festival. 
Ici, le douzième film de la compétition, que j'ai bien évidemment vu en séance différée et qui a remporté un double prestigieux prix lors de la cérémonie de clôture, le samedi 14.

Daddy, daddy cool…

Mains tremblantes, mais soucieux de rendre son environnement (à savoir la maison que sa mère lui à légué) impeccable pour l’arrivée estivale de ses filles, le profil de Vincente sera se montrer touchant, même s’il se dirige vers une inévitable collision. Celle de la dure réalité, inflexible.

À la fois proche et loin des stéréotypes, ce profil de père qui lutte (hors-champ) contre ses addictions demeure le pivot du récit. (puisqu’il le traverse jusqu’à sa conclusion). Le rappeur d’origine portoricaine insuffle son charisme naturel jusqu’à une douceur et une rigueur réaliste dans son personnage. De sa dégaine de gangster à son esprit de génie au comportement autodestructeur.

De belles nuances qui traversent l’ensemble d’un drame empreint de réalisme. Ce réalisme, on le retrouve dans une mise en scène sans charmes et sans fulgurances. Mais qui s’attarde sur ses personnages, et notamment les deux sœurs au cœur du récit. Interprétés par trois paires d’actrices représentant trois tranches d’âge distinct, IN THE SUMMERS se focalise parfois sur des petits riens qui vont toutefois être déterminants dans leurs développements personnels.

Séparé par des ellipses de temps de quelques années, ce sont les détails d’une vie changeante sur les personnages, leurs comportements, mais aussi sur les décors qui seront significatifs dans le déroulement du récit. La piscine représentant certainement le mieux cet état d’évolution et les moments partagés en famille. Jusqu’au détachement émotionnel qui en découle.

IN THE SUMMERS doit beaucoup aux différents interprètes d’Eva et Violeta. Dont l’admiration pour leur père passe de la tristesse à la haine jusqu’à l’indifférence, après une enfance perdue. Et plus encore, des stigmates et de la légation de ses pires addictions une fois devenues adulte. Mais aussi de ses plus beaux atouts.

CONCLUSION

De ce fait, sa dernière partie est probablement la plus poignante dans sa douceur froide. Et l’amertume et les fêlures que dégagent ses non-dits. Car, comme l’annonce son synopsis assez révélateur, « les plaies ne sont pas faciles à refermer ».

Dans le contexte pur du festival du cinéma américain, IN THE SUMMERS s’absout des thèmes classiques et larmoyants. Si l’espagnol compose une partie des dialogues, le film ne traite jamais la question du racisme. Entre autres choses. Ou même d’un quelconque contexte géopolitique, malgré son lieu atypique. (la « petite » ville de Las Cruces à la croisée des montagnes, au Nouveau-Mexique). Ce n’est pas le sujet.

Ses différentes caractéristiques se concentrent sur le drame à l’état pur. Un drame qui parvient à dresser, en fond, le portrait d’une ado queer et se montrer percutant sur la longueur. Comme le prouve son contexte familial nuancé. En 1h30 d’une composition 100% indé, Alessandra Lacorazza Samudio aura su nous plonger dans des souvenirs d’enfance entre ombre et lumière. Une consécration entre le Grand Prix et celui de la révélation assez logique.

Les + :

  • Son récit percutant et juste qui s’étend sur les années. Entre la douceur des beaux souvenirs et les stigmates douloureux du passé.
  • Le portrait nuancé de Vicente (formidable René Pérez Joglar) et de son combat invisible contre ses addictions.
  • Une évolution aussi douce que parfois amère de deux sœurs qui se reflète sur leur père. De la douce enfance à la vie de jeune adulte via différentes prestations bien caractérisées.

Les – :

  • Une mise en scène sans charmes.
  • Son atmosphère très réaliste, couplée à un découpage très académique qui m’a détaché de ses atouts émotionnels.

MA NOTE : 14.5/20

Les crédits

RÉALISATION & SCÉNARIO : Alessandra Lacorazza Samudio

AVEC : René Pérez Joglar, Sasha Calle, Lío Mehiel, Kimaya Thaïs, Allison Salinas, Luciana Élisa Quinonez, Dreya Castillo, Emma Ramos, et Leslie Grace (…)

DURÉE : 1h35 / DIFFUSION (Festival) : 12 septembre 2024

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