THE KNIFE (Festival de Deauville 2024)

Prix du Jury

EN DEUX MOTS : petit film au synopsis salvateur, THE KNIFE joue sur la peur d’un racisme systémique. Mais également d’une triste ironie réaliste. Au centre du projet, se trouve l’ancien joueur de football américain et acteur méconnu Nnamdi Asomugha, qui réalise ici son premier long-métrage. Un film qu’il co-produit et co-écrit au côté du plus connus Mark Duplass.

Chris, un ouvrier du bâti­ment, est prêt à faire tout ce qu’il peut pour offrir une vie stable à sa famille, mais ses pro­jets sont bou­le­ver­sés lors­qu’une mys­té­rieuse femme fait irrup­tion dans leur nou­velle mai­son, tard dans la nuit. Lorsque la police arrive, l’in­truse gît sur le sol de la cui­sine, incons­ciente, un cou­teau à la main et c’est à l’i­né­bran­lable ins­pec­trice Carl­sen qu’il incombe de décou­vrir la véri­té sur ce qui s’est passé. 

Avec 1h22 au compteur, qui se déroule en un lieu durant une nuit, THE KNIFE est un exercice qui mêle le drame pur au système policier. Pas réellement une trame policière, mais la preuve d’un déroulement au réalisme effrayant. Néanmoins, et pour alimenter son suspense, le film lève quelques mystères en cours de route.

Dans le cadre du 50ème festival du cinéma américain de Deauville, retour sur quelques films que j'ai eu l'occasion de voir durant l'événement. Cette fois, le dimanche 15 septembre 2024, à savoir le dernier jour du festival. Ici, le dixième film de la compétition, que j'ai bien évidemment vu en séance différée et qui a remporté le Prix du Jury, lors de la cérémonie de clôture.

« Nothing but the truth »

Sans s’étendre avec de grandes illustrations pour faire la lumière sur la famille au cœur de l’histoire, THE KNIFE se concentre davantage sur les détails de son récit pour lui donner du corps. Détails qui réapparaîtront régulièrement dans son montage. Le film bascule ainsi rapidement dans sa problématique et ne nous détache pas de cette ligne linéaire et procédurale jusqu’à sa conclusion.

Le réalisateur, qui se met en scène dans la peau de cet ouvrier, père et mari qui semble dévoué, mais lessivé, favorise donc les gros plans et les expressions de ses protagonistes et à une quelconque élégance en image. C’est tout de même dommage, car l’un n’empêche pas l’autre pour autant. Il s’absout même de partition musicale grave, ce qui ne l’empêche pas de révéler une atmosphère lourde et sous tension. Par moments.

Cette ligne de tension est donc empreinte de réalisme. Elle joue ainsi d’une peur ancrée dans sa population afro-américaine et des choix qui peuvent découler de cette peur. Comme nous l’annonce sa voix off qui ouvre et conclut le film. Face au casting brillant qui compose cette famille lambda (notamment la belle surprise Aja Naomi King), Melissa Leo se dévoile dans un rôle d’enquêtrice pleine de rigueur. Pilier inflexible sur lequel cette famille va inévitablement se briser.

Un portrait pas nécessairement effrayant, mais qui reflète un traitement systémique et une procédure à même de broyer les plus simples individus.

CONCLUSION

Si l’exercice complet, malgré sa courte durée, manque d’une atmosphère complètement étouffante et de grands moments forts, sa triste ironie finale fait mouche. Un Prix du Jury somme toute logique.

Les + :

  • Un concept salvateur, qui traite de manière réaliste la peur d’un racisme systémique.
  • Un casting restreint, mais parfaitement caractérisés.
  • La triste ironie qui découle des choix et de leurs conséquences.

Les – :

  • Une mise en scène un peu pauvre et qui ne met pas en valeur son atmosphère oppressante.
  • Malgré son réalisme très juste, il manque au film quelques éléments forts pour nous secouer intensément.

MA NOTE : 14/20

Les crédits

RÉALISATION : Nnamdi Asomugha / SCÉNARIO : Nnamdi Asomugha & Mark Duplass

AVEC : Nnamdi Asomugha, Melissa Leo, Aja Naomi King, Manny Jacinto, Amari Price, Aiden Price, Lucinda Jenney (…)

DURÉE : 1h22 / DIFFUSION (Festival) : 11 septembre 2024

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