BEETLEJUICE BEETLEJUICE

EN DEUX MOTS : en marge de ses nombreuses avant-premières (dont celle au festival de Deauville) et d’une sortie française le 11 septembre, Beetlejuice Beetlejuice semble annoncer la renaissance complète de son célèbre réalisateur Tim Burton. Et celle d’un succès tonitruant. Notamment après l’échec total de son film Dumbo, il y a 5 ans.

Pas loin de 40 ans après, le metteur en scène iconique du grotesque et du gothique fait suite à son deuxième film. L’un des objets les plus culte et inventif de sa large filmographie, qui fait peau neuve dans une nouvelle aventure généreuse.

Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…

S’il y est bien rare (voir inexistant) que le réalisateur face suite à l’un de ses films, ce retour inespéré avait de quoi séduire. Surtout lorsque Tim Burton y réunit une partie (la moitié) de son casting d’origine. Wynona Ryder et Catherine O’Hara reprennent ainsi leurs rôles dans la famille Deetz. Parallèlement, la nouvelle muse du réalisateur – Jena Ortega – s’impose comme le visage de cette nouvelle génération. Enfin, c’est évidemment le non moins célèbre Michael Keaton qui revient dans la peau de l’iconique fantôme déluré Beetlejuice.

Si le reste de la distribution secondaire se complète de (nouveaux) noms prestigieux (tel que Willem Dafoe, Justin Theroux ou Monica Bellucci), c’est particulièrement le retour d’une technique vintage et de son univers si esthétiquement marquant qui titille mon engouement pour ce Beetlejuice x2. Mais ce retour si tardif est-il réellement justifié ? Utile ou si marquant qu’à cette époque si puritaine pour ce genre débridé ?

Pas vraiment non. Mais qu’importe, Beetlejuice Beetlejuice est avant tout une comédie fantastique et d’horreur burlesque décomplexée, aussi foutraque que jouissive. Et c’est (presque) suffisant.

Le retour des (d’une technique) morts-vivant(e)s.

Beetlejuice Beetlejuice se dresse comme une comédie vintage généreuse et assez peu encombrante. 1h45 entre le monde (i)réel et celui de l’au-delà mis en scène façon Tim Burton. Cette suite conserve naturellement ce côté surréaliste qui dénote un peu plus aujourd’hui via une certaine ringardise. Winona Ryder, si elle ne manque pas de charme, n’incarne plus vraiment le même personnage, malgré son esthétisme d’antan.

Les incartades de Beetlejuice, en revanche, demeure, elle, aussi pondérées que jouissive. Aucun protagoniste ne fera autant rire que ce clown avec lequel Michael Keaton semble s’amuser à outrance.

Toutefois, si on avait pu s’attendre à un choc des cultures délirants, le personnage d’ado rebelle incarné par Jena Ortega frôle, lui, l’indigestion. Un caractère qu’on connaît bien, mais dont l’intérêt (et le cheminement) demeure aussi convenu que son scénario qui s’éparpille. Car le film est une fable vaguement macabre qui multiplie les sous-intrigues pour un résultat semi-convaincant.

Tim Burton y compose un univers gentiment macabre toujours aussi inventif, heureusement. Et une technique de maquillages et de décors de studio nostalgique, qui recèlent de détails. Mais outre cet esthétisme croustillant, qui prête à sourire, Beetlejuice 2 est une coquille vide. Une belle coquille certes, mais vide de sens. C’est par exemple ce que nous démontrent les personnages interprétés par Willem Dafoe et Monica Bellucci. Haut en couleur, mais inutiles.

Néanmoins, le film demeure une comédie fantastique et fantasque avant tout, qui prête à sourire plus qu’à rire. Elle se compose de nombreuses scènes aux idées loufoques et croustillantes (les nombreuses « tetréduites » ou le bébé Beetlejuice, fantastique…). Ou même, des scènes chorales très plaisantes (le flash-back en espagnol), chorégraphiées et musicales entre autres (comme celle dans l’église).

CONCLUSION

Il s’agit de son plus gros point fort, qui pourrait presque gommer ses errances béantes de scénario. Une limite qu’on retrouve dans l’exubérance des personnages campés par Catherine O’Hara et Justin Theroux par exemple (et que j’ai adoré). Des fausses caricatures burlesques à gros sabots, mais dont on préfère se réjouir.

Ce « grand » retour du réalisateur est aussi mitigé que limité tout de même, malgré le plaisir qu’il peut procurer. Sous ses airs de bonnes farces d’Halloween, il démontre que le talent de Tim Burton se trouve dans le passé, et que le charme de son esthétisme d’antan demeure de la nostalgie. Et non pas de la magie cinématographique.


Les + :

  • La suite d’un film marquant de la fin des années 80 qui convoquait déjà beaucoup de choses dans l’univers visuel culte de Tim Burton. Et cette suite est d’autant plus jouissive qu’elle en reprend l’esthétisme et l’atmosphère avec plus de fluidité.
  • Le retour d’un Michael Keaton délirant dans la peau d’un Beetlejuice tout autant loufoque. Pour des incartades aussi drôles que pondérées.
  • Beaucoup d’éléments visuels (dont ses maquillages) qui fonctionnent dans leurs animations vintages. Additionné à quelques scènes d’humour et d’horreurs qui font mouche. (qu’elles soient chantées et/ou chorégraphiées).
  • Quelques (rares) seconds rôles jouissifs. Catherine O’Hara s’éclate, Justin Theroux est adorablement pathétique et Bob dispose de plus de présence à l’écran.

Les – :

  • Un scénario foutraque, parfois ringard, et qui multiplie les sous-intrigues parfois inutiles.
  • La nouvelle ligne d’intrigue couplée à sa nouvelle génération représentée par Jena Ortega. Dans un profil aussi lassant que fainéant. Qu’importe le charme de la nouvelle coqueluche.
  • Un humour qui prête plus à sourire (par nostalgie, qui plus est) que réellement faire rire.
  • Le talent dépassé et sans fulgurances de son metteur en scène, malgré tout le charme plastique de son film.

MA NOTE : 14/20

Les crédits

RÉALISATION : Tim Burton / SCÉNARIO : Alfred Gough & Miles Millar

AVEC : Michael Keaton, Winona Ryder, Catherine O’Hara, Justin Theroux, Monica Bellucci, Arthur Conti, avec Jena Ortega, et Willem Dafoe (…)

SORTIE (France) : 11 septembre 2024 / DURÉE : 1h44

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