GAZER (Festival de Deauville 2024)

EN DEUX MOTS : énième premier long-métrage d’un festival du film américain chérissant ce genre d’œuvre, GAZER s’inscrit comme un candidat solide de la compétition. Et ce, malgré les nombreux défauts qui le traverse. Celui-ci a également était présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, en mai.

Dans le cadre du 50ème festival du cinéma américain de Deauville, retour sur quelques films que j'ai eu l'occasion de voir durant l'événement, le mardi 10 septembre 2024. 
Ici, le septième film en compétition en présence du réalisateur et de l'actrice principale.

Au moment de sa courte présentation, son réalisateur (et co-scénariste) Ryan J. Sloan ne sait pas étendu sur le message de son film, mais davantage sur sa conception. À l’instar de sa tête d’affiche – Ariella Mastroianni – également présente et très brève malgré sa joie. Celle-ci signe, au côté du réalisateur, le scénario d’un premier film consistant (presque deux heures) qui aura nécessité plus de deux ans de tournages. Pour une mise en image principalement automnale et parfois printanière.

Fran­kie est atteinte de dys­chro­no­mé­trie, une mala­die dégé­né­ra­tive qui l’empêche de per­ce­voir cor­rec­te­ment le temps. Encline à la para­noïa et sujette à des pertes de conscience fré­quentes, elle enre­gistre des mes­sages sur des cas­settes pour se repé­rer et assu­rer sa sécu­ri­té. Inca­pable de trou­ver un tra­vail stable dans son état, en quête d’argent pour récu­pé­rer la garde de sa petite fille, elle accepte une mis­sion pro­po­sée par une femme aux inten­tions troubles…

Dans les limbes. Du New Jersey…

Leur œuvre commune demeure infiniment urbaine et se focalise donc sur le point de vue unique de la délicate Frankie. Un parcours aussi douloureux que confus pour le personnage, mais également pour le spectateur, qui manque régulièrement d’éclairage au moment de ses différents rebondissements. Et même quelques-unes de ses principales problématiques.

GAZER à les attraits d’un premier film. Avec les qualités, mais surtout les défauts qui l’accompagnent bien souvent. Son manque de moyens est ici compensé par l’intensité de sa tête d’affiche, très impliquée, dont la détresse psychologique est assez flamboyante à l’écran. Fort d’un certain magnétisme contre une beauté pure, Ariella Mastroianni donne vie à un personnage tourmenté, mais curieux. Déterminée, mais désorienté. Une fausse Lisbeth Salander animée par le désir de retrouver sa fille.

Sa condition psychologique (aussi brièvement éclairée que parlante à l’écran) vaut principalement pour l’utilisation de sa voix off enregistrée par la comédienne et qui ponctue le film. Au même titre que ses incartades cauchemardesques qui virent jusqu’au body horror et transporte le film sur des sentiers surprenants. Surprenants, mais hélas peu convaincants malgré un esthétisme affirmé et maîtrisé.

En plus de ses légers élans d’épouvante fantastique, la deuxième partie de GAZER est traversée par une trame policière qui vire au thriller paranoïaque. Seulement l’omniprésence de son point de vue unique ralentit son rythme (déjà peu enclin à nous bousculer) et la compréhension de son déroulement. Alors que toutes les clés nous sont données lors de son déroulement.

Demeure l’assez surprenant profil interprété par Marcia Debonis, qui prouve que le réalisateur capte mieux les profils féminins devant sa caméra tremblante vu l’absence de profils masculins marquants.

CONCLUSION

GAZER s’avère être un thriller dramatique en demi-teinte. Élégant parfois, immersif souvent et qui brille avant tout de l’interprétation de son actrice centrale. En revanche, compte tenu des zones d’ombres qui ralentissent son intrigue plutôt que l’étoffer, il perd en rythme et frôle la sortie de route régulière. La preuve avec sa fin abrupte qui a largement divisé.


Les + :

  • L’énergie d’un projet (et d’un premier film) qui se ressent sous la caméra du jeune réalisateur. Son esthétisme s’en ressent, tout comme son ambiance lourde et paranoïaque.
  • Ariella Mastroianni en immersion totale pour donner vie à ce profil peu commun. Sa détresse psychologique évite le piège du larmoyant et demeure restreint et exploite les trous de son intrigue.
  • Un thriller dramatique qui ose quelques incursions dans certains genres pourtant affirmés.

Les – :

  • Des longueurs itinérantes pour un montage parfois brouillon. Pour preuve, le film subit quelques errances à l’image des troubles de son personnage central. Un atout qui enlise le drame.
  • Des incursions dans les genres pas toujours très aboutis sur la longueur.
  • L’unique perspective du film, d’abord atout, fini également à le ralentir.

MA NOTE : 13.5/20

Les crédits

RÉALISATION : Ryan J. Sloan / SCÉNARIO : Ryan J. Sloan & Ariella Mastroianni

AVEC : Ariella Mastroianni, mais aussi : Marcia Debonis, Renee Gagner, Jack Alberts, Tommy Kang (…)

DURÉE : 1h54 / DIFFUSION (Festival) : 10 Septembre 2024

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