HOUSE OF THE DRAGON : S.2 – épisode 7 (The Red Sowing)

Avant-propos : La deuxième saison de la série fantastique House of the Dragon n’a jamais autant divisé. Après une mi-saison qui a atteint des sommets critiques, puis un début de deuxième moitié de saison plus tempéré, son sixième épisode à mis sa communauté de fans en ébullition. La romance naissante (et inédite) entre Rhaenyra et Mysaria étant probablement et principalement au centre de ses vives semonces. Preuve que la haine envers la communauté LGBT subsiste même sur le petit-écran.

À mes yeux, ce choix narratif ne fait que renforcer l’ambiguïté latente qui était présente entre les deux têtes d’affiche féminine, durant la première saison. Passons, l’épisode en question placer tout de même habilement ses pions avant deux épisodes au potentiel brûlant.

La plus grande frustration résidé quoi qu’il en soit dans le destin muselé de Daemon qui, aujourd’hui, tranche (au moins) ses questions d’allégeances. Cela devrait régler certaines de ses discordes personnelles, mais le gros de l’action se trouve ailleurs. Et bel et bien dans le camp rouge et noir.

ÉPISODE 7 : THE RED SOWING

EN DEUX MOTS : pour entamer sa dernière ligne droite (ce segment s’achevant sur un nouveau cliffhanger rageant) la réalisation de cet avant-dernier épisode est cette fois confié à l’artisan Loni Peristere. Après avoir travaillé sur la supervision des effets spéciaux, il est principalement devenu metteur en scène de série télévisée. Des productions d’actions majoritairement, tel que Banshee ou Warrior, plus récemment. Un travail loin d’être anodin dans les deux cas pour ce segment de l’histoire de HotD.

Après le troisième épisode, David Hancock réitère quant à lui l’écriture pour « The Red Sowing ». Littéralement traduit par « La semaison rouge ». Ses semences sont celles de la contre-attaque que prépare la reine noire (Emma D’Arcy) contre le camp opposé, et qui va vite germer aujourd’hui. L’épisode précédent avait pour lui une magnifique densité, mais demeuré avare dans sa démonstration de « dressage » de dragons. Qu’à cela ne tienne, l’épisode 7 rectifie le tir… Avant la guerre, on l’espère.

Les plus attentifs auront décelé la mise en lumière de profils récurrents durant cette saison. Cet avant-dernier épisode leurs faits, en partie, justice. (pour ceux présents). Dans ce sens, le discret Addam of Hull (Clinton Liberty) était propulsé dragonnier et cet avant final s’ouvre sur un face-à-face qui va définir le destin de plusieurs personnages issus de basse extraction. Le « smallfolk ».

Tu as accompli une chose que je croyais impossible, Addam of Hull. J’en suis heureuse.

Rhaenyra à Addam

Dans cette scène, Rhaenyra fait preuve d’un mélange d’autorité, de fascination, et de déstabilisation. Un cocktail d’expression qui se lit sur son visage et que son interprète maîtrise toujours à merveille. Merci Emma D’Arcy. La vue des dragons, et leurs différences, seront également plus familières à nos pupilles durant l’épisode. Loués soient les dieux. Un épisode encore imparfait, frustrant, mais fascinant. Le même « reviens-y » que son épisode 3 justement, qui se dérouler… Avant la guerre.

La justice pour tous

Dans la continuité des précédents événements, la série ne tente pas la précipitation et se permet d’en régler même les détails qui paraissent les plus insignifiants. En premier comme en second plan. En découle un rythme plus critiquable, mais jamais avare en nuance comme en cohérence. Qu’il s’agisse de son univers ou des personnages qui le compose.

Le cas Daemon (Matt Smith) va (encore) fatalement faire grincer des dents. Son destin torturé et cloisonné demeure un beau paradoxe à son caractère tempétueux et aventureux. Notamment, quand celui-ci se retrouve coiffé au ponton par le jeunot, Oscar Tully. Contraint de décapiter Ser Willem Blackwood, le Targaryen va devoir revoir ses ambitions personnelles, comme le laisse si bien entendre cet (ultime ?) caméo d’un Viserys (Paddy Considine) qui nous avait marqués par sa décomposition.

Je n’apprécie guère Daemon Targaryen. Il a déshonoré la Couronne avec ses agissements. Néanmoins, ayant peu d’expérience pour me guider, je dois me remettre au serment prêté par mon aïeul au roi Viserys quand il a nommé Rhaenyra son héritière. Je ne vois aucune raison de renier ma loyauté, même si j’estime détestable son représentant, le prince.

Oscar Tully à l’assemblée, ses vassaux du Conflans

L’attention risque donc de se diriger ailleurs durant le final de cette saison 2, tout comme le fait le reste de cet épisode qui dépasse encore l’heure. Le camp Noir est ainsi traversé par de nombreuses difficultés et une limite qui s’amenuise entre le sang royal et celui de basse extraction. De quoi faire valser les codes du royaume et du sang pur. Cela remet en cause la légitimité de l’honorable Jaque (Harry Collett) dans un choix difficile pour sa mère ou prouve toute la difficulté des non-dits entre Corlys (Steve Toussaint) et ses deux fils illégitimes.

C’est l’occasion de me pencher sur le rôle sous-exploité du Serpent de Mer durant cette saison, qui manque d’implication politique et d’un caractère affirmé. Peu importe le côté dont il pourrait pencher. Nul doute que la chose s’améliora vu la direction que prend Alyn (Abubakar Salim) concernant son destin. Ou même celui de son frère, Addam, à Peyredragon. (celui-ci est d’ailleurs rapidement mis de côté au profit des autres dragonniers durant l’épisode).

Mon frère a toujours été insatisfait. Il espérait un signe de sa valeur. Je suis du sel et de la mer. Je n’aspire à rien d’autre.

Alyn à Corlys

L’herbe est plus verte ailleurs. Not Always, elle est parfois teintée de noire.

Après l’émeute qui a secoué Port-Réal, et surtout la reine douairière (Olivia Cooke), cette dernière prend ses distances. Retour dans le luxuriant bois-du-roi pour une escapade silencieuse, qu’aucun ne jugera inutile, mais qui pourrait avoir son intérêt par la suite. Personnellement, voir le profil passionnant d’Alicent dans une solitude poétique m’a beaucoup plu. Notamment dans ce temps d’écran condensé sous forme de purification et renaissance symbolique.

En parallèle et dans différentes scènes qui agrémentent bien cet épisode, le camp Vert s’éparpille et souffre d’autres difficultés. Sous une impression de régime totalitaire composé de membres dilatant (dont beaucoup sont absents durant cet épisode), l’intrigue continue de faire interagir le maître des chuchoteurs Larys Strong (Matthew Needham) au plus près du pouvoir.

Si la longue absence d’Otto Hightower (Rhys Ifans) demeure méchamment frustrante, l’abeille Strong gagne en nuance. Notamment dans une composition moins machiavélique que la première saison semblée uniquement dépeindre. J’admire ainsi sa motivation pour engaillardir le jeune Aegon II (Tom Glynn-Carney), sévèrement défiguré et affaibli. Un potentiel de caractérisation qui pourrait vraiment porter ses fruits à l’avenir. La semaison… Verte cette fois.

La quasi-demi-heure qui conclut l’épisode nous entraîne de sa Capitale à l’île de Peyredragon pour un moment charnier. À l’instar de quelques-uns de ses habitants qui voguent vers un destin noirci et libérateur. Les graines ont germé, les petites œuvres et piaillements de Mysaria (Sonoya Mizuno) amène le petit peuple face à la Reine, mais également à un moment crucial dans son histoire. Un moment excitant, mais casse-gueule.

[Mysaria, à-propos du petit peuple] : Ils vous serviront aussi volontiers que les nobles, peut-être plus.

[Rhaenyra] : Mais les maisons nobles se distinguent par la féauté, l’honneur.

[Mysaria] : Vos demi-frères royaux, Aegon et Aemond, dont le sang est pur, mènent une guerre contre vous pour occuper votre trône. Des hommes d’honneur ? Un simple charpentier a juré de vous servir tandis que vos frères cherchent à vous anéantir. L’ordre des choses a changé, Majesté. Pourquoi ne pas en profiter ?

[Rhaenyra] : Durant 20 ans les seigneurs du royaume ont insulté mes fils derrière mon dos. Très bien, levons une armée des bâtards.

La foire aux bâtards

En attendant de voir le destin que le récit réserve à Rhaena (Phoebe Campbell), bien décidée à revendiquer un dragon dans le Val, « The Red Sowing » fait virevolter le destin de la basse extraction en le rapprochant du soleil. Un jeu dangereux, à plusieurs niveaux, mais qui semble avoir conquis une large partie de son public aujourd’hui. Moi y compris.

À l’image d’une Rhaenyra (et de son assemblée (et de moi-même)), peu rassuré, le récit avance à tâtons. Mais en musique et merveilleusement. Jusqu’à l’arrivée du monstrueux Vermithor. Ici, le précédent travail de Loni Peristere semble, lui aussi, avoir porté ses fruits. Le travail en post-production a dû également largement contribuer à la réussite de cette longue scène de chaos. Celle-ci est par ailleurs constituée d’un long plan-séquence assez intense, qui suit les mésaventures de l’ancien forgeron Hugh (Kerian Bew), devenu, dès à présent dragonnier de la bête grâce à un moment de bravoure exaltant.

L’acteur, qui avait déjà toute ma sympathie dans Warrior, est donc à nouveau redirigé par le réalisateur et s’impose par son charisme naturel. Notamment lors de son cri face à la créature. Son association a Vermithor couplet de ses merveilleux bruits guttural est somme toute logique, et l’exécution de la scène est assez merveilleuse. De plus, son contexte de huis clos n’entrave en rien le gigantisme du second dragon le plus vieux (et gros) de son univers.

L’apprivoisement d’Aile d’Argent l’est un peu plus. Dans un choix de facilité plus compréhensible, le non-assuré et curieux Ulf (Tom Bennett) brille, contre toute attente. L’acteur aussi d’ailleurs. Pas si mytho, ce bâtard aux airs d’escroc à, quant à lui, droit à un vol endiablé qui va attirer l’attention à Port-Réal. Et nous amener à un ultime suspense bouillonnant.

CONCLUSION

C’est ainsi que l’épisode se concentre, le temps d’une minute, sur le régent autoritaire et hardi (Ewan Mitchell), seulement aperçu jusqu’alors. Le vol de Vhagar fait toujours son impression dans le ciel, mais le Targaryen fini par faire marche arrière. Habile et lucide malgré tout.

La vue et le regard de Rhaenyra fait farouchement monter la pression et le montage stoppe son épisode ici. Aux portes de l’embrasement. Rhaenyra s’avère assez spectaculaire dans son comportement, notamment après une démonstration de froideur assez inédite lors du barbecue grandeur nature.

L’attente est donc de mise à présent. Et je dois l’avouer, elle n’avait jamais été aussi forte depuis la reprise de la série. C’est encore un jeu dangereux auquel joue les showrunners aujourd’hui dans cette création du suspense. Avec huit épisodes au compteur, et une certaine retenue, cette saison 2 a beaucoup à prouver lors de son final. Sera-t-il insuffisant ou tout simplement grandiose ? Réponse imminente.


Les + :

  • Rhaenyra, toujours époustouflante dans son mélange de force et faiblesse.
  • La déconstruction des certitudes de Daemon, plus pitoyable et vacillant que jamais.
  • Un épisode qui rend hommage aux designs et aux caractéristiques uniques de ses créatures fantastiques : les dragons.
  • En accordant, à raison, davantage de temps et d’éclairage à ses nouveaux second rôle, cet épisode justifie leurs présences récurrentes dans l’intrigue.
  • La ligne ambiguë et brouillée sur le lignage et la légitimité entre riches et bâtards.
  • L’aparté poétique et solitaire d’Alicent en pleine nature.
  • Une dernière demi-heure parfaitement maîtrisé et intense.
  • Une longue mise en tension jusqu’à ce moment en huis clos féroce et cauchemardesque. Qui plus est, agrémenté d’un solide plan séquence qui découle sur sa magie fantastique.

Les – :

  • Une première partie d’épisode qui prend son temps. À ce niveau de la saison, cela étouffe un brin sa tension.
  • L’implication de Daemon à double tranchant puisqu’elle a atteint ses limites de son montage trop étiré.
  • Quelques profils qui mériteraient plus d’implication dans l’intrigue. À l’image de Corlys pourtant doté d’un fort potentiel.
  • On n’a jamais assez de dragons.
  • Son cliffhanger final qui met la pression pour la suite.

MA NOTE :

MON CAMP FAVORI DURANT L’ÉPISODE : TEAM BLACK

Les crédits

RÉALISATION : Loni Peristere / SCÉNARIO : David Hancock

DIFFUSION (France) : 29 Juillet 2024 / DURÉE : 64mn / CHAÎNE : HBO

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