TOUTE LA LUMIÈRE QUE NOUS POUVONS VOIR

EN DEUX MOTS : Belle et discrète mini-série automnale « Toute la lumière que nous pouvons voir » (en VF et pour faire simple) est l’adaptation d’un roman éponyme récompensé par un Pulitzer. Tout de même. D’un point de vue cinématographique, c’est avant tout une œuvre riche au format court.

Tout au long d’une décennie les destins entrecroisés de deux héros dont la Deuxième Guerre mondiale va bouleverser l’existence : Marie-Laure Leblanc, une jeune Française aveugle réfugiée chez son oncle, et Werner Pfennig, un adolescent allemand véritable génie des transmissions radio. Grâce à un lien secret partagé, ils retrouvent la foi en l’humanité et entrevoient une lueur d’espoir.

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Un drame historique de quatre bonnes heures, diviser simplement en quatre parties. Le plus enthousiasmant réside dans son duo de showrunner/réalisateur. Respectivement supervisé par les émérites Steven Knight – qui signe tous les scripts – et Shawn Levy à la réalisation des 4 épisodes. Le premier a signé les scénarios d’œuvres en tout genre. Tandis que le second est un artisan du cinéma habitué aux comédies d’action sur grand écran.

EN TEMPS DE GUERRE RÉSIDE L’ESPOIR

Quoi qu’il en soit, avec deux guest stars de choix au casting (Mark Ruffalo et Hugh Laurie), un duo au savoir-faire plutôt concret, et une base de scénario assez complète, la série limitée avait de quoi convaincre. Bonne nouvelle, et même si elle ne s’avère pas profondément percutante, on assiste ici à un divertissement d’une rare efficacité. Du moins sur la plateforme.

Des nazis, une ville française côtière sous occupation, et des destins qui se croisent tandis que la guerre fait rage. Toute la lumière que nous pouvons voir ne renouvelle pas une intrigue qui nous est familière. Néanmoins, via son montage modérément condensé, le show nous plonge rapidement au cœur de l’action. Elle le fait efficacement, et notamment via quelques personnages tout aussi rapidement attachants.

C’est le cas avec son jeune duo en tête d’affiche que tout semble opposé, mais dont l’alchimie semble presque évidente malgré des échanges inexistants. Une belle apologie des mots en guise d’espoir. Le semblant de romance n’étouffe jamais l’intrigue historique et se révèle même trop vite expédié en fin de série.

Qu’importe, ce drame très humain révèle, dès son commencement, les atouts d’une production aux moyens conséquents. Mais également d’une expertise, certes sans grande envolée (une mise en scène un peu trop sage), mais très efficace. Une notion qui va parfaitement traverser l’ensemble de la production, qu’elle enchaîne les moments de suspense jusqu’à ses flashbacks qui construisent le parcours des personnages.

DES MALOUINS ANGLOPHONES

Ceux-ci, au nombre de 5, sont aussi bien caractérisés que bien exploités. Notre jeune héroïne (Aria Mia Loberti) est indéniablement attachante, pour sa combativité, son optimisme et sa clairvoyance malgré sa cécité. Face à elle, dans un parcours non moins douloureux, le jeune Allemand Louis Hofmann confirme une certaine présence à l’écran après la série DARK, déjà sur Netflix. Un personnage tout aussi attachant, notamment lorsque celui-ci semble être le seul gentil nazi d’Allemagne.

Si ses interlocuteurs s’avèrent plus restreint, et surtout uniquement caractérisé comme des méchants et cruelles officiers nazis, ce n’est pas le cas de notre jeune héroïne aveugle. C’est ici qu’on découvre les personnages interprétés par Hugh Laurie et Mark Ruffalo. Si ce dernier use de son charisme naturel pour interpréter idéalement un père bienveillant, c’est le second (l’éternel Dr. House) qui se révèle être la plus belle surprise de la distribution (à mes yeux).

D’abord en retrait, son personnage s’éclaire à l’aube de son final lorsque, notamment, ses traumas passés sont dévoilés. Le charisme bougon et le timbre de voix hypnotisant de l’acteur britannique suffisent à faire leur petit effet. Enfin, dans un rôle d’antagoniste nazi central et cruel, Lars Eidinger parvient à insuffler son excentricité naturelle pour composer son personnage.

Outre la ville de Paris, vu succinctement, ou un institut pour jeune Aryen, son décor central demeure la ville bretonne de Saint-Malo. Sous ces plans larges et quelques stéréotypes (sa plage, ses commerces) la ville prend vie avec suffisamment de soin historique.

CONCLUSION

Finalement, avec l’ensemble de ses caractéristiques, dont chacune se révèle bien plus efficace que handicapante, Toute la lumière que nous pouvons voir est un pur divertissement très bien exécuté.

On lui passera ainsi l’ensemble de ces dialogues en anglais (pour des protagonistes soit français, soit allemand), ses quelques facilités scénaristiques ou une fin un peu précipitée. Car c’est probablement l’une des meilleures et humbles séries limitées de Netflix cette année.


Les + :

  • Une production de belles factures, simple, mais très solide et supervisée par un scénariste émérite et un réalisateur idéal.
  • Cinq personnages récurrents parfaitement exploités, caractérisés, et aux parcours suffisamment complet pour convaincre sur la durée.
  • Un format idéal, sans longueur et bien rythmé, qui nous plonge dans l’action et dans des flashback peu encombrants.
  • Une série limitée d’une rare efficacité, humaine, universelle, et peu exigeante.

Les – :

  • Un récit initiatique sans révolution et jamais réellement percutant dans son genre.
  • Une fin un brin précipitée pour le destin de ses personnages.
  • Des dialogues uniquement en anglais pour des personnages uniquement français ou allemand.

MA NOTE : 14.5/20

CRÉATEUR : Steven Knight

AVEC : Aria Mia Loberti, Louis Hofmann, Lars Eidenger, avec Hugh Laurie, et Mark Ruffalo (…)

ÉPISODES : 4 / Durée (moyenne) : 55mn / DIFFUSION : 2023

GENRE : Drame, Historique / CHAÎNE : Netflix

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