BARBIE

EN DEUX MOTS : Avec son énorme teasing au fil des mois, et plusieurs coups de com’ malin avant sa sortie, BARBIE s’impose comme le grand vainqueur du phénomène Barbenheimer qui enflamme le box-office. Rien de très surprenant néanmoins pour cette fable féministe face à un adversaire éminemment long, sombre, et dramatique. Toutefois, la comédie tant attendue de Greta Gerwig est-elle l’ovni tant espéré ? Et confirme t’elle la justesse d’une réalisatrice et scénariste de talent ? Eh bien…

A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.

Allociné

En s’inspirant librement des célèbres jouets Mattel iconique, le duo de scénaristes Greta Gerwig / Noah Baumbach fait un pari risqué. Mais alléchant. Avec son collaborateur de longue date (qui la notamment dirigé dans Frances Ha ou plus récemment White Noise) la jeune réalisatrice dresse l’incarnation parfaite de la Barbie. La Barbie dans la plus pure tradition stéréotypée (comme elle se nomme elle-même) sous les traits (et le sourire) de Margot Robbie. L’actrice australienne, incarnation féminine par excellence, enfile les talons de la poupée pour un résultat impressionnant.

ELLE PEUT TOUT FAIRE. LUI, (C’)EST JUSTE (KEN) TOXIQUE

BARBIE c’est l’histoire d’une émancipation féminine. Et l’histoire d’une satire de la société à la dérive sociologique nommée patriarcat. Cette dignité masculine est ici représentée par le célèbre beau gosse Ryan Gosling, sous l’apparence du lisse Ken. Pour affirmer leurs propos les scénaristes font de Ken un être malléable. Un être en besoin d’affection, d’attention, de quête, et qui va céder à la dérive d’un monde gouverné par les hommes.

Pour ne pas trop en dévoilé sur la réelle problématique qui va alimenter l’intrigue, les antagonistes apparaissent sous la forme des dirigeants de Mattel eux-mêmes. Tous masculins. À leurs têtes, le déjanté Will Ferrell dévoile une bonne tranche d’humour décalé à la… Will Ferrell. Seul problème dans l’équation, en s’en moquant ouvertement d’une entreprise régit par les bénéfices le film ne fait qu’excuser les dérives du capitalisme. Pourquoi ? Parce ce que le film lui-même est un énorme coup marketing (il suffit d’ouvrir quelques pages internet pour le découvrir).

Passons les dérives d’un succès évident, BARBIE avait la lourde tâche de présenter un semblant de cohérence dans son déroulement. La comédie d’aventure se devait d’être plus qu’une simple comédie d’aventure au pitch absurde. C’est toute la volonté d’un montage long de presque 2 heures. Hélas, sur ce second point l’intrigue échoue également son exercice, et notamment sur la durée.

Le film commence par la présentation efficace du monde idyllique et artificiel de Barbie Land. Une bonne tranche de plastique rose fluo qui fait légèrement mal à la tête et qui est surtout l’occasion de voir un nombre de guest pas déconnant. Ce monde imaginaire sert également de prétexte à tout et n’importe quoi pour alimenter son propos fantastique autour des Barbies. Sauf qu’ici, et surtout après cela, les incohérences sont légion et décrédibilise le voyage vers notre réalité.

COMÉDIE BONBON

Sous une imagerie délirante, enfantine, qui s’accorde parfaitement à une comédie désaxée (un peu moins pour toute la famille) nos deux héros voyage dans le vrai monde. Sauf que le vrai monde c’est Venice Beach, en Californie. Un choix de décor tout aussi débile et idyllique qui s’avère méchamment sous-exploité. C’est d’autant plus dommage que le film recèle de traits d’humour concret et réellement bien pensé. (Lorsque Ken découvre le patriarcat par exemple).

Très vite la suite de la comédie s’enlise d’un rythme ronronnant qui fait office de véritable ventre mou. Ses incohérences autour de son duo de mère fille (America Ferrera / Ariana Greenblatt) dans le récit demeurent flagrantes. Leurs implications ont du sens, elles manquent surtout d’intérêt général, et de poids dans le monde de Barbie Land.

Et c’est précisément à Barbie Land que la troisième partie du film se déroule. Pour une dernière partie bien moins efficace et déjanté qu’au départ, mais qui dévoile au moins de belles tranches d’une comédie musicale. Cette overdose de faux décors à au moins l’intérêt d’articuler sommairement ses nombreux interprètes, même si trop peu se distingue du lot. (On peut néanmoins citer les délurés Barbie bizarre (Kate McKinnon) ou Allan (Michael Cera)).

Avec un succès public et presse identique (qui s’oriente tous deux sur une moyenne de 3.5/5) BARBIE semble avoir suffisamment d’atouts pour convaincre le plus grand nombre. Celle qu’on qualifie de comédie de l’été devrait avoir une belle carrière devant elle. Si certain et certaines peuvent y voir une forme d’émancipation des codes de notre monde, pourquoi pas ?

CONCLUSION

À mon sens, la comédie de Greta Gerwig manque d’acidité. Au même titre que son propos féministe manque d’impact au sens large. BARBIE n’est pas une mauvaise comédie (loin de là) c’est une déception personnelle. Elle peut toutefois compter sur quelques beaux atouts imputables, suffisants pour que le capitalisme triomphe toujours. Douce ironie.


Les + :

  • Le choix parfait de Margot Robbie (et quand même de Ryan Gosling, plutôt hilarant)
  • Quelques gags et un humour lourd qui fonctionne en partie
  • Ses prestations de comédie musicale plutôt excellente

Les – :

  • Une fable féministe qui manque cruellement de sarcasmes
  • Le large coup marketing que le film représente
  • Une aventure que se perd et multiplie les incohérences sur la longueur
  • L’overdose du monde de Barbie Land
  • La sous-exploitation d’un casting prometteur, pourtant ample

MA NOTE : 12.5/20

RÉALISATION : Greta Gerwig / SCÉNARIO : Greta Gerwig & Noah Baumbach

AVEC : Margot Robbie, Ryan Gosling, America Ferrera, Ariana Greenblatt, Michael Cera, Issa Rae, Kate McKinnon, avec la voix de Helen Mirren, et Will Ferrell,

mais aussi : Alexandra Shipp, Emma Mackey, Hari Nef, Sharon Rooney, Ana Cruz Kayne, Ritu Arya, Dua Lipa, Nicola Coughlan, Emerald Fennell,

Simu Liu, Kingsley Ben-Adir, Ncuti Gatwa, Scott Evans, John Cena, Rhea Perlman, Connor Swindells (…)

DURÉE : 1h55 / SORTIE (France) : 19 Juillet 2023

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