STRANGER THINGS – saison 4

Plus c’est long, plus c’est bon… mais quand même.

EN DEUX MOTS : Voilà bientôt 3 ans qu’on attendait une suite à l’un des (le) plus gros HITS de Netflix. Et bien que l’attente fut interminable, la saison 4 de Stranger Things ne manque pas de contenus. Tout comme sa deuxième saison, celle-ci se compose de 9 chapitres.

9 épisodes divisés en 2 volumes (7 fin mai, les 2 restants le 1er juillet) mais à la durée drastiquement rallongée contrairement à ce à quoi la série nous a habitué, puisque ici chaque épisode dure 1h15 (hormis le 3ème), d’un 7ème d’1h35 et enfin les deux derniers… de presque 4h cumulés ! 

Du jamais-vu justifié par les Duffer Brothers par le nombre d’intrigues continues durant cette saison – du nombre de 4 – dans lesquelles ses deux showrunners n’ont pas lésiné sur le déroulement. Ni les moyens. Pour les mettre en œuvres, Netflix mise gros en allouant un budget (record aussi) de 30 millions de dollars par épisode (salaires des acteurs inclus heureusement).

VOL. 1 : Largement attendu, tentaculaire, STRANGER THINGS saison 4 débute par une introduction convaincante qui revient (en partie) sur un événement crucial survenu dans les laboratoires secrets d’Hawkins en 1979. Sous le point de vue du  »précédent » antagoniste Dr. Brenner (Matthew Modine, de retour et à nouveau crédité cette saison) on y découvre une Eleven d’à peine 10 ans massacrant (?) ses résidents. L’intrigue reviendra naturellement sur cet événement – fondateur pour la psyché de notre héroïne (Millie B. Brown) – au cours de la saison lors du chapitre 7  »The Massacre at Hawkins Lab ». 

Cette saison démarre ensuite lors du spring break (les vacances de printemps) de 1986, soit plus de 6 mois après les événements traumatisants (pour nos héros) de saison dernière. Un équivalent d’ellipses temporelles qu’on retrouve entre chaque saison, qui ceci-dit avec le temps pose un problème de cohérence assez flagrant : l’aspect de nos jeunes héros devenu de jeunes adultes.

PROBLÈMES DE TAILLES

Un aspect bien plus flagrant pour certains (de Will (Noah Schnapp) à Lucas (Caleb McLaughlin)) que pour les autres. Toujours est-il qu’entre les événements de la 1ère saison dans la série (1983) et sur nos écrans (2016), l’écart se creuse.

Éparpillés, divisés, nos héros s’associent pour de nouveaux duos, trio, quatuor plus ou moins croustillants dont certains quittent réellement Hawkins sur l’ensemble du récit. On découvre notamment la Californie et ses déserts, dans une ambiance rétro nostalgique comme toujours. Mais aussi quelques nouveaux personnages, dont l’appréciable Eddie (Joseph Quinn expressif au possible). On appréciera cette fois un nombre de références de l’époque plus restreintes et/ou moins appuyées. 

Cela permet à STRANGER THINGS 4 de se distinguer par plus de maturité et de technique (mais peu d’idées) de cinéma. Les Duffer Brothers s’affiche au scénario et à la réalisation de plusieurs épisodes pour un résultat plus sombre et mature à l’écran. Une volonté qui s’associe avec l’idée de son antagoniste inédit, qui diffère des classiques monstres, Vecna (Jamie Campbell Bower) un mage noir qui possède ses victimes et leur crée des hallucinations avant de violemment les disloqués.

Pour sa représentation physique et son évolution dans l’upside-down ce nouveau monstre – d’apparence humaine désastreuse – s’accorde entre autres au mythe des maisons hantées ou notamment du mythique film l’Exorciste. Son budget colossal aide forcément à la réalisation tant le show use de CGI cette année. Des effets spéciaux foncièrement crédibles et relativement grandioses (bien qu’utilisés à l’excès) qui font de STRANGER THINGS 4 un véritable blockbuster du petit-écran.

« Running up that hill »   

Cette  4ème saison est longue, mais globalement très bonne comparée à la précédente. La saga se donne les moyens de grandir, de contenter son public et de développer son univers qui prend beaucoup de chemins différents. Pour autant, elle manque cruellement de rebondissements meurtriers durant son 1er volume.

Son rythme ronronne parfois et ainsi, après 3 premiers épisodes introductifs qui font avancer 2 puis 3 intrigues parallèlement (Hawkins, la Californie, et la détention de Hopper en Russie où Joyce (Winona Ryder) et Murray (Brett Gelman) se lance sur ses traces), le 4ème chapitre  »Dear Billy » fait preuve de tout son talent dans un épisode qui exempt même pour la 1ère fois Eleven de l’intrigue.

Sous un déluge d’effets spéciaux, d’autres jeunes acteurs brillent, comme c’est le cas ici de Max (Sadie Sink) sujette à la malédiction de Vecna. Mais aussi dans une fameuse fusillade en plan séquence en Californie (hélas le seul moment fort de cette intrigue).

Avec de nombreuses intrigues et de nombreux personnages (une vingtaine de récurrents), et un sens du détail qui s’appuie modérément sur du remplissage, la série revient à ses lettres de noblesse et divertit comme jamais. Ceux malgré ses lacunes de scénario et son ton teenage et comique parfois inapproprié.

RETOUR VERS LE PASSÉ

Un retour aux sources niveau qualité qui prend tout son sens dans le chapitre suivant  »The Nina Project » où dans un labo secret en Arizona, Eleven subit de nombreux et ambigus tests aux côtés des Dr. Brenner & Owens (Paul Reiser) afin de retrouver ses pouvoirs, ses cheveux courts et des bribes de mémoire.

Une intrigue inédite, qui, une fois la surprise passée, nous éclaire sur l’antagoniste principal de cette saison durant le long chapitre 7- et véritable responsable du massacre de 1979. À noter l’excellente performance de Jamie Campbell Bower dans un rôle d’origin story assez hypnotique nous apportant de surcroit quelques réponses à l’ensemble de l’univers de la saga.

Là où STRANGER THINGS est STRANGER THINGS c’est bel et bien à Hawkins avec ses recherches sur des drames passés et son dangereux Upside-down. On appréciera tout particulièrement une scène de baston punchy avec des chauves-souris badass au tout début du chapitre 7. Une intrigue unique sur cela, évidemment, aurait été un recyclage un brin inconsistant.

Preuve toutefois que les Duffer Brothers manquent parfois d’idées originales. Hélas tout comme l’intrigue en Californie ou celle en Russie, et malgré de beaux moments, le développement global joue la carte de la facilité et traîne parfois en longueur. 

Sans surprise, et en plein danger face à Vecna (et après l’héroïsme d’Hopper (David Harbour) face à un Demongorgon) ce volume 1 s’achève sur un cliffhanger.

VOL. 2 : 1 mois après 7 épisodes généreux, Netflix dévoile les deux ultimes épisodes de son HIT, qui entre-temps a explosé tous les compteurs (et records) de la chaîne de streaming. Et ces deux derniers épisodes risquent, eux aussi, d’alimenter les passions tant le blockbuster de Netflix voit les choses en grand. Les showrunners sont au scénario et à la réalisation des deux épisodes qui à eux deux cumulent presque 4h de visionnage…

En effet, le 8ème dure déjà 1h25 tandis que le final dure 2h20. Un record aberrant. Au vu des évènements qui vont s’y dérouler, la formule semble atteindre ses propres limites.

L’exemple se fait dès sa reprise qui désamorce vite ses problématiques pour préparer son grand final. Outre l’attaque du laboratoire par le gouvernement, c’est sur un rythme qui mélange fausse tension, rush du risque et humour (bien-entendu) que le récit continue.

Un mélange parfois too much par quelques seconds rôles (très) agaçants (on pense à Yuri ou Argyle (Eduardo Franco)) d’autant que le coup de force d’Eleven sous un plan pyrotechnique s’avère peu original. Celle-ci retrouve ses pouvoirs et la mort (enfin ?) du Dr. Brenner (dit  »papa » comme le nom du chapitre en question) ne fonctionne qu’à moitié. Et assurément sans émotion et sans ambiguïté.

BLOCKBUSTER INTERMINABLE 

Vient alors le final  »meurtrier » tant attendu, puisque largement teasé, qui remplit son cahier des charges du divertissement complet, mais n’embrasse pas (loin de là) son potentiel de genre (horreur et dramatique). À l’image de sa saison, la force de l’intrigue se trouve exclusivement à Hawkins.

Ainsi, les (dorénavant) deux intrigues qui se poursuivent en parallèle manquent cruellement d’intérêts. Pire, dans leurs finalités, elles prouvent l’inutilité latente d’une partie de son casting qui ne manque pas de temps à l’écran, mais bien d’un intérêt quelconque durant la saison. Les petites équipes convergent ainsi à éliminer le terrible Vecna (à l’origine de toutes les problématiques liées à l’Upside Down) dans son antre via un montage qui mélange héroïsme et longueur excessive. 

 »Plus c’est long, plus c’est bon », oui, mais jusqu’à un certain temps. À trop vouloir poser l’ambiance (diablement crédible, n’en doutons pas) les Duffer’s Brother perdent en intensité, d’autant que leurs choix scénaristiques s’avèrent fatalement sans risques. Malgré un beau sacrifice, le nouveau venu (et parfaitement introduit) Eddie succombe, tandis que la formidable Max (véritable héroïne de cette saison sous l’air ravageur de Kate Bush) subit, mais survie (!), à la douloureuse malédiction de Vecna, grâce aux pouvoirs psychiques d’Eleven.

Un constat frustrant, car sa mort aurait été un élément indiscutablement puissant, tandis qu’ici cela prouve que ses deux showrunners sont incapables de prendre une décision radicale pour bousculer leur fan-service. 

CONCLUSION

Après un long épilogue placé sous le signe des retrouvailles et qui occulte l’émotion, une question se pose dans cette préparation  »du début de la fin » : les showrunners sauront-ils subjuguer la formule de ce blockbuster familial pour embrasser son potentiel dramatique ? Au vu de son succès colossal, rien n’est moins sûr.


MA NOTE : 14.5/20

CRÉATEUR(s) : Matt & Ross Duffer

AVEC: Millie B. Brown, David Harbour, Winona Ryder, Finn Wolfhard, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Sadie Sink, Noah Schnapp,

Natalia Dyer, Charlie Heaton, Joe Keery, Maya Hawke, Brett Gelman, Priah Ferguson, avec Paul Reiser, et Matthew Modine,

mais aussi : Jamie Campbell Bower, Eduardo Franco, Joseph Quinn, Tom Wlaschiha, Cara Buono, Mason Dye (…)

 ÉPISODES : 9  / Durée : 1h15    ANNÉE DE DIFFUSION : 2022

GENRE : Aventure, Fantastique, Science-fiction   CHAINE : Netflix

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